Certains enfants grandissent avec des parents narcissiques. Il est parfois difficile de s'en rendre compte même à l'âge adulte, bien des années plus tard. "Notre relation avec nos parents dicte notre bien-être et nous n’avons pas encore développé les outils pour évaluer notre famille et sa dynamique émotionnelle", analyse Mark Travers, psychologue, dans les colonnes de Psychology Today. Ce qui caractérise globalement un parent narcissique, c'est le fait d'organiser l'ensemble de la vie de famille autour de ses propres besoins émotionnels. Cela le rend potentiellement négligeant avec son entourage, dont ses enfants. Selon le spécialiste, trois dynamiques dysfonctionnelles témoignent d'une parentalité narcissique.
Trois dynamiques révélatrices d'une parentalité narcissique
1. L’enfant en or.
De l'extérieur, il semblerait que l'enfant suscite l'admiration de ses parents. Mais cette glorification excessive, l'enfant n'y a droit que lorsqu'il contente ses parents. Le témoignage d'amour est conditionnel. "Le problème surgit lorsque l’enfant fait une erreur, ce qui entraîne généralement une quantité injustifiée de discipline, de ridicule et de punition", confirme le psychologue. L'enfant met donc tout en place pour rester dans le contentement de son parent. "Cette dynamique dysfonctionnelle peut rester longtemps non diagnostiquée, car elle peut donner l’impression que l’enfant est comblé d’amour, de soins et d’appréciation", ajoute le spécialiste.
A terme, les enfants qui grandissent dans une parentalité narcissique peuvent "développer une définition erronée de l’amour." L'amour et l'attention donnée à des proches leur semblent toujours conditionnelles et obtenues par le biais de manipulations. Par ailleurs, l'enfant se construit à l'image de ce que ses parents valident et nient la possibilité de vivre selon sa propre personnalité : "Leur personnalité, leurs goûts, leurs aversions et leurs opinions sont étroitement surveillés et dictés par le parent. Se rebeller pourrait leur coûter l’amour de leurs parents, mais s’y conformer – à leur insu – leur coûte leur autonomie, leur libre arbitre et la possibilité de s’individualiser de leurs parents."
2. Le bouc émissaire.
S'il n'est pas considéré comme un enfant en or, l'enfant peut d'avance être celui qui représente tout ce qui ne va pas dans la vie de ses parents. Ce statut "peut conduire à l’anxiété et à la dépression chez les enfants". A force d'être l'objet de toutes les critiques, et de se voir imputer les problèmes de la famille entière, le bouc émissaire n'a pas beaucoup d'options pour survivre. Il peut se rebeller en se disant que de toute façon, il n'a rien à perdre dans la vie. Ils peuvent aussi décider de s'isoler afin de ne plus connaître aucune relation avec d'autres personnes. "Cela peut conduire à une faible estime de soi, à un isolement et à des tendances au dégoût de soi. (....) Cela les prive également d'expériences essentielles de la personnalité, comme se faire des amis, tomber amoureux et s'exprimer de manière authentique."
3. L'enfant perdu.
Cet enfant est livré à lui-même en matière d'éducation. Il avance sans conseils, sans éducation et peut se sentir souvent responsable de lui-même. "Ils sont généralement responsables de leur propre éducation et recherchent en dehors de leur famille la validation, la sagesse et le soutien. Comme il y a rarement un dialogue à double sens avec l'enfant perdu, ils pourraient percevoir la vie comme un voyage en solo, mettant sérieusement en péril leurs relations à l’âge adulte", note Mark Travers. En effet, les enfants dits "perdus" peuvent avoir grandi sans considérer les relations avec d'autres personnes et avoir du mal à en construire dans l'avenir.
